A l'occasion de ce 8 Mai

date de la disparition de Gilles Villeneuve il y a 34 ans, je suis tombé sur cette photo que je n'avais jamais vue
(la video, elle, je la connais par coeur)



Putain les fous furieux... Et dire que déjà à l'époque, l'enculé de Bernie (même si il n'était "que" patron de la FOCA) les avait convoqués.

Je ne résiste pas à citer l'autre fêlé de ce duel, René Arnoux . Ca en dit très long de ce qu'était la F1 à l'apoque, très très loin des ego surdimensionnés, des baquets payants, des budgets de malades, des échanges radio, des boites robotisées et j'en passe... Ca tirait méchamment la bourre, et ensuite les pilotes se retrouvaient à bouffer des pâtes ensemble dans le même motorhome (véridique en ce qui concerne Villeneuve et Arnoux)

" Cette course restera à jamais gravée dans ma mémoire. Lorsque je me suis retrouvé derrière Gilles Villeneuve, nous étions dans une configuration de course où chacun de nous avait des problèmes. Gilles était quelqu’un de très dur avec sa mécanique et il avait détruit ses pneus en essayant de suivre le rythme de Jabouille. De mon côté, j’avais un gros soucis de déjaugeage. A l’époque, la Renault possédait plusieurs pompes dans les réservoirs et, à ce moment de la course, l’une des pompes était cassée si bien que je déjaugeais dans les virages à droite. C’était un sacré handicap lorsque l’on sait qu’à Dijon les trois quarts des virages sont à droite !
Avec nos problèmes, on tournait Gilles et moi dans le même dixième ! et on ne voulait laisser cette 2e place à personne ! Jabouille était loin devant. On a alors commencé ce fameux duel… Je profitais des problèmes de freins de Gilles pour le dépasser au bout de la ligne droite des stands, on faisait ensuite toute la partie de derrière côte à côte, roue contre roue, parfois même encastrées, et enfin, dans la montée de Pouas, il reprenait l’ascendant lorsque mon moteur déjaugeait ! Villeneuve creusait alors suffisamment d’écart pour que, avec mon turbo, je revienne sur lui dans la ligne droite et que je le dépasse de nouveau au freinage ! et on repartait pour un tour de folie ! on s’est tapé, retapé, on s’est encastré les roues, un coup à droite, un coup à gauche. A l’arrivée, sur mon ponton droit, on ne voyait même plus les inscriptions " Renault ELF " mais seulement les traces des pneus Michelin de sa Ferrari ! A un moment, il m’a tellement poussé que je suis passé de l’autre côté d’un vibreur. Ca nous a obligé à passer le châssis au marbre car à la suite de cet incident un point d’ancrage du moteur s’était cassé. On nous a traité de fous. "

" Au Grand Prix suivant, à Silverstone, on est passé tous les deux en semi-conseil de discipline. Un comité d’anciens pilotes, confortablement assis sur leur chaise, nous demandant de nous justifier. J’ai trouvé cela déplacé. Quand on nous a convoqué, on était tous les deux interloqués mais sereins et tranquilles. Nous sommes d’ailleurs ressortis sereins et tranquilles ! Je me souviens que Gilles leur avait dit : " Si demain ça se reproduisait, je ferais la même chose ". On nous a traité d’inconscients, en nous reprochant que, si les roues s’étaient touchées dans le sens axial, l’un de nous se serait envolé dans le public et aurait fait des victimes

Quand ils m’ont donné la parole, je leur ai juste répondu que si ça avait été quelqu’un d’autre que Gilles, au lieu de finir troisième j’aurais terminé second. J’ai trouvé ces remontrances un peu ridicules. J’avais l’impression qu’on était deux enfants et qu’on allait mettre les doigts bien serrés pour prendre des coups de règle. Quand nous sommes sortis, on en a ri, bien sûr, mais on en a tiré des conclusions aussi. Ce duel, il ne s’est produit qu’une seule fois. Et sans aucune prétention, à l’époque, il n’aurait pu se dérouler qu’entre Gilles et moi. Parce qu’il y avait une complicité entre nous. On se respectait , on s’aimait énormément. Ce jour-là, avec notre duel, on a volé la vedette à Jabouille. Il avait pourtant remporté sa première victoire en Grand Prix et Renault venait de faire triompher le moteur turbo compressé ".

" Après la course, on est allé revoir les images TV en salle de presse. La salle était noire de monde. J’ai été frappé par la vidéo. J’étais revenu très fort sur Gilles et, durant notre duel, il y a plein d’endroits où on était limite. Si à un moment l’un de nous deux avait levé le pied en se disant " j’arrête, ça devient trop dangereux ", là, oui, ça serait vraiment devenu dangereux. On s’était encastré plusieurs fois les pneus, mais on roulait côte à côte et avec une telle régularité… comme la Patrouille de France dans un meeting aérien ! Ce qui m’avait marqué aussi, c’était la réflexion de Forghieri. Après avoir revu la vidéo, il s’était tapé sur le front et s’était exclamé à voix haute : " Et quand tu penses que c’était pour la deuxième place ! . "

Godasso a écrit:date de la disparition de Gilles Villeneuve il y a 34 ans, je suis tombé sur cette photo que je n'avais jamais vue
(la video, elle, je la connais par coeur)



Putain les fous furieux... Et dire que déjà à l'époque, l'enculé de Bernie (même si il n'était "que" patron de la FOCA) les avait convoqués.

Je ne résiste pas à citer l'autre fêlé de ce duel, René Arnoux . Ca en dit très long de ce qu'était la F1 à l'apoque, très très loin des ego surdimensionnés, des baquets payants, des budgets de malades, des échanges radio, des boites robotisées et j'en passe... Ca tirait méchamment la bourre, et ensuite les pilotes se retrouvaient à bouffer des pâtes ensemble dans le même motorhome (véridique en ce qui concerne Villeneuve et Arnoux)

" Cette course restera à jamais gravée dans ma mémoire. Lorsque je me suis retrouvé derrière Gilles Villeneuve, nous étions dans une configuration de course où chacun de nous avait des problèmes. Gilles était quelqu’un de très dur avec sa mécanique et il avait détruit ses pneus en essayant de suivre le rythme de Jabouille. De mon côté, j’avais un gros soucis de déjaugeage. A l’époque, la Renault possédait plusieurs pompes dans les réservoirs et, à ce moment de la course, l’une des pompes était cassée si bien que je déjaugeais dans les virages à droite. C’était un sacré handicap lorsque l’on sait qu’à Dijon les trois quarts des virages sont à droite !
Avec nos problèmes, on tournait Gilles et moi dans le même dixième ! et on ne voulait laisser cette 2e place à personne ! Jabouille était loin devant. On a alors commencé ce fameux duel… Je profitais des problèmes de freins de Gilles pour le dépasser au bout de la ligne droite des stands, on faisait ensuite toute la partie de derrière côte à côte, roue contre roue, parfois même encastrées, et enfin, dans la montée de Pouas, il reprenait l’ascendant lorsque mon moteur déjaugeait ! Villeneuve creusait alors suffisamment d’écart pour que, avec mon turbo, je revienne sur lui dans la ligne droite et que je le dépasse de nouveau au freinage ! et on repartait pour un tour de folie ! on s’est tapé, retapé, on s’est encastré les roues, un coup à droite, un coup à gauche. A l’arrivée, sur mon ponton droit, on ne voyait même plus les inscriptions " Renault ELF " mais seulement les traces des pneus Michelin de sa Ferrari ! A un moment, il m’a tellement poussé que je suis passé de l’autre côté d’un vibreur. Ca nous a obligé à passer le châssis au marbre car à la suite de cet incident un point d’ancrage du moteur s’était cassé. On nous a traité de fous. "

" Au Grand Prix suivant, à Silverstone, on est passé tous les deux en semi-conseil de discipline. Un comité d’anciens pilotes, confortablement assis sur leur chaise, nous demandant de nous justifier. J’ai trouvé cela déplacé. Quand on nous a convoqué, on était tous les deux interloqués mais sereins et tranquilles. Nous sommes d’ailleurs ressortis sereins et tranquilles ! Je me souviens que Gilles leur avait dit : " Si demain ça se reproduisait, je ferais la même chose ". On nous a traité d’inconscients, en nous reprochant que, si les roues s’étaient touchées dans le sens axial, l’un de nous se serait envolé dans le public et aurait fait des victimes

Quand ils m’ont donné la parole, je leur ai juste répondu que si ça avait été quelqu’un d’autre que Gilles, au lieu de finir troisième j’aurais terminé second. J’ai trouvé ces remontrances un peu ridicules. J’avais l’impression qu’on était deux enfants et qu’on allait mettre les doigts bien serrés pour prendre des coups de règle. Quand nous sommes sortis, on en a ri, bien sûr, mais on en a tiré des conclusions aussi. Ce duel, il ne s’est produit qu’une seule fois. Et sans aucune prétention, à l’époque, il n’aurait pu se dérouler qu’entre Gilles et moi. Parce qu’il y avait une complicité entre nous. On se respectait , on s’aimait énormément. Ce jour-là, avec notre duel, on a volé la vedette à Jabouille. Il avait pourtant remporté sa première victoire en Grand Prix et Renault venait de faire triompher le moteur turbo compressé ".

" Après la course, on est allé revoir les images TV en salle de presse. La salle était noire de monde. J’ai été frappé par la vidéo. J’étais revenu très fort sur Gilles et, durant notre duel, il y a plein d’endroits où on était limite. Si à un moment l’un de nous deux avait levé le pied en se disant " j’arrête, ça devient trop dangereux ", là, oui, ça serait vraiment devenu dangereux. On s’était encastré plusieurs fois les pneus, mais on roulait côte à côte et avec une telle régularité… comme la Patrouille de France dans un meeting aérien ! Ce qui m’avait marqué aussi, c’était la réflexion de Forghieri. Après avoir revu la vidéo, il s’était tapé sur le front et s’était exclamé à voix haute : " Et quand tu penses que c’était pour la deuxième place ! . "

Eh ouais c'était un temps où on pouvait regarder un GP sans s'endormir, même un lendemain de chouille.

arretes boss tu te fais du mal....

Merci pour le clin d'œil à Mr Villeneuve, je ne connaissais pas l'interview d'Arnoux, un type assez humble malgré sa carrière !

Villeneuve Jr/Montoya c'était pas au même niveau mais y avait eu des passes d'armes assez viriles aussi. Maintenant c'est strike au 1er virage pour tout le monde...

Merci d'y avoir pensé !!

Arty33 a écrit:Merci d'y avoir pensé !!

La semaine dernière j'ai eu une pensée pour Ayrton.... le 1erMai est pour moi symbole de Muguet, de fête du travail, de tout un tas de choses....et du décès d'un des tous meilleurs pilotes de F1 de tous les temps

"très très loin des ego surdimensionnés" ... euh non ... l'un de ces 2 là en est mort d'ailleurs .. de son égo.

Pour l'autre, on pourrait lui rappeler sa cohabitation avec Prost ...

J'adore cette séquence d'antho logie ... comme tout le monde. Cependant je ne dis pas que "c'était mieux avant".

Godasso a écrit:

Arty33 a écrit:Merci d'y avoir pensé !!

La semaine dernière j'ai eu une pensée pour Ayrton.... le 1erMai est pour moi symbole de Muguet, de fête du travail, de tout un tas de choses....et du décès d'un des tous meilleurs pilotes de F1 de tous les temps

J'y ai pensé aussi  

Moment spécial ce 1er mai désormais ... c'est très loin finalement mais l'émotion et les regrets sont toujours là. Etonnant.

Le 1 mai 94, fin de mon intérêt pour la F1, surtout a cause des réactions de la fia, de bernie etc...

Sinon, ce duel arnoud villeneuve, doit être un des plus beau et des plus long.

Vous saviez que le muguet est un poison?
Tu fais boire l'eau du muguet a des vieux en maisons de retraite et c'est l'arrêt cardiaque..
Effet comparable à la digitaline pour les connaisseurs....

Et pour le reste, je ne serai pas aussi nostalgique, dans une certaines mesure nous somme responsable.
À continuer à regarder ce truc alors que c'est, de mon avis, bientot de l'indycar. Tout est pareille. Ecu. Machin...surtout ecu !! C'est le cœur de la bagnole. Tu peux deja ramener des millions avant de combattre les effets du cerveau.

Demandons à schoumi l'apport de l'électronique au contrôle moteur ??

Le reste à suivi. Motor home ou plutôt immeuble mobile inclu.

Accepter d'aller voir un gp a 200€ les 2h hors tout...c'est encourager le système.
Ca fait comme quand tu racheté l'album de shaggy sur le iPhone...tu l'encourage à refaire un titre....putain si ça arrive !!!!

Arty33 a écrit:"très très loin des ego surdimensionnés" ... euh non ... l'un de ces 2 là en est mort d'ailleurs .. de son égo.

Pour l'autre, on pourrait lui rappeler sa cohabitation avec Prost ...

Quand je parle d'ego surdimensionné, je fais surtout référence au "star system" de la F1 actuelle et tout ce qui en découle, y compris la mentalité et le melon de certains pilotes.
Villeneuve père était bien loin de tout ca et n'avait pas ce melon : il avait avant tout l'âme d'un combattant acharné et d'un solitaire.

Quant à Arnoux, bien entendu il n'a pas été toujours clair dans ses attitudes. Mais ce qui ressort de ce duel, c'est tout simplement que 1) ca ne pourrait plus se faire maintenant sans que les team managers et la bande à Whiting ne mettent le holà 2) il faudrait déjà trouver les pilotes pour le faire (hormis 3 ou 4 , j'en vois pas d'autres)

Godasso a écrit:

Arty33 a écrit:"très très loin des ego surdimensionnés" ... euh non ... l'un de ces 2 là en est mort d'ailleurs .. de son égo.

Pour l'autre, on pourrait lui rappeler sa cohabitation avec Prost ...

Quand je parle d'ego surdimensionné, je fais surtout référence au "star system" de la F1 actuelle et tout ce qui en découle, y compris la mentalité et le melon de certains pilotes.
Villeneuve père était bien loin de tout ca et n'avait pas ce melon : il avait avant tout l'âme d'un combattant acharné et d'un solitaire.

Quant à Arnoux, bien entendu il n'a pas été toujours clair dans ses attitudes. Mais ce qui ressort de ce duel, c'est tout simplement que 1) ca ne pourrait plus se faire maintenant sans que les team managers et la bande à Whiting ne mettent le holà  2) il faudrait déjà trouver les pilotes pour le faire (hormis 3 ou 4 , j'en vois pas d'autres)

Arty ose critiquer mon néné de Grenoble ! il doit confondre avec Dugarry !

t'es sur godasso que Jacques V est son fils ???

Je me souviens d'un très beau freinage entre Mansell et Senna (mais ce n'était que sur 1 freinage)

Mansell était un taré quand il voulait. Pas au niveau de Rosberg (père) qui lui, était un fou furieux, mais parfois ca y ressemblait.

Oui, mais il ne faisait pas de crasse, Mansell, comme Senna ont dit, on pouvait le faire car on savait que l’adversaire était réglo :)

ca va me foutre un coup de blues tous ces souvenirs :)

Pour les plus jeunes... ou ceux qui veulent un petit flachback

putain, merci Broeck pour cette video
Matez entre 1mn04 et 1mn38....du drift avec une F1

Il était généreux en pilotage le Gilou :)

Mais apparemment c'était pareil sur la route :)

broeksac a écrit:Il était généreux en pilotage le Gilou :)

Mais apparemment c'était pareil sur la route :)

Tu m'étonnes.... la pauvre 308 GTS elle a du prendre cher

Godasso a écrit:

broeksac a écrit:Il était généreux en pilotage le Gilou :)

Mais apparemment c'était pareil sur la route :)

Tu m'étonnes.... la pauvre 308 GTS elle a du prendre cher

dommage qu'il ait eu un fils....

Amat a écrit:

dommage qu'il ait eu un fils....

C'est le seul qui essayait de prendre le raidillon a fond (meme en s'étant planté avant car ca ne passait pas)

broeksac a écrit:

Amat a écrit:

dommage qu'il ait eu un fils....

C'est le seul qui essayait de prendre le raidillon a fond (meme en s'étant planté avant car ca ne passait pas)

Rien que pour cette séquence là .. respect !!

Après qu'Amat le méprise ce n'est pas étonnant ... si il savait reconnaître les grands pilotes il ne regarderait pas du rallye ...

broeksac a écrit:

Amat a écrit:

dommage qu'il ait eu un fils....

C'est le seul qui essayait de prendre le raidillon a fond (meme en s'étant planté avant car ca ne passait pas)

en endurance, chez peugeot c'etait le pire pilote des 9 et de loin !


meme Button a été champion sur une caisse d'un autre monde, un peu comme rosberg

Godasso a écrit:

Arty33 a écrit:"très très loin des ego surdimensionnés" ... euh non ... l'un de ces 2 là en est mort d'ailleurs .. de son égo.

Pour l'autre, on pourrait lui rappeler sa cohabitation avec Prost ...

Quand je parle d'ego surdimensionné, je fais surtout référence au "star system" de la F1 actuelle et tout ce qui en découle, y compris la mentalité et le melon de certains pilotes.
Villeneuve père était bien loin de tout ca et n'avait pas ce melon : il avait avant tout l'âme d'un combattant acharné et d'un solitaire.

Quant à Arnoux, bien entendu il n'a pas été toujours clair dans ses attitudes. Mais ce qui ressort de ce duel, c'est tout simplement que 1) ca ne pourrait plus se faire maintenant sans que les team managers et la bande à Whiting ne mettent le holà  2) il faudrait déjà trouver les pilotes pour le faire (hormis 3 ou 4 , j'en vois pas d'autres)

Alors c'est plus du melon que de l'égo. Il n'y avait pas de "stars qui se la pètent" à l'époque ?? .... hmmmm ....
Mais aucun doute que Villeneuve était au dessus de tout ça.

"Hormis 3 ou 4" tu as raison ... la même chose qu'à cette époque j'imagine. Pour moi ça peut se reproduire .. quelques chose d'approchant ... il suffit que les circonstances de course soient là. (les ordres à la radio je crois qu'ils s'en taperaient ...comme hier)

malatesta34 a écrit:

Godasso a écrit:date de la disparition de Gilles Villeneuve il y a 34 ans, je suis tombé sur cette photo que je n'avais jamais vue
(la video, elle, je la connais par coeur)



Putain les fous furieux... Et dire que déjà à l'époque, l'enculé de Bernie (même si il n'était "que" patron de la FOCA) les avait convoqués.

Je ne résiste pas à citer l'autre fêlé de ce duel, René Arnoux . Ca en dit très long de ce qu'était la F1 à l'apoque, très très loin des ego surdimensionnés, des baquets payants, des budgets de malades, des échanges radio, des boites robotisées et j'en passe... Ca tirait méchamment la bourre, et ensuite les pilotes se retrouvaient à bouffer des pâtes ensemble dans le même motorhome (véridique en ce qui concerne Villeneuve et Arnoux)

" Cette course restera à jamais gravée dans ma mémoire. Lorsque je me suis retrouvé derrière Gilles Villeneuve, nous étions dans une configuration de course où chacun de nous avait des problèmes. Gilles était quelqu’un de très dur avec sa mécanique et il avait détruit ses pneus en essayant de suivre le rythme de Jabouille. De mon côté, j’avais un gros soucis de déjaugeage. A l’époque, la Renault possédait plusieurs pompes dans les réservoirs et, à ce moment de la course, l’une des pompes était cassée si bien que je déjaugeais dans les virages à droite. C’était un sacré handicap lorsque l’on sait qu’à Dijon les trois quarts des virages sont à droite !
Avec nos problèmes, on tournait Gilles et moi dans le même dixième ! et on ne voulait laisser cette 2e place à personne ! Jabouille était loin devant. On a alors commencé ce fameux duel… Je profitais des problèmes de freins de Gilles pour le dépasser au bout de la ligne droite des stands, on faisait ensuite toute la partie de derrière côte à côte, roue contre roue, parfois même encastrées, et enfin, dans la montée de Pouas, il reprenait l’ascendant lorsque mon moteur déjaugeait ! Villeneuve creusait alors suffisamment d’écart pour que, avec mon turbo, je revienne sur lui dans la ligne droite et que je le dépasse de nouveau au freinage ! et on repartait pour un tour de folie ! on s’est tapé, retapé, on s’est encastré les roues, un coup à droite, un coup à gauche. A l’arrivée, sur mon ponton droit, on ne voyait même plus les inscriptions " Renault ELF " mais seulement les traces des pneus Michelin de sa Ferrari ! A un moment, il m’a tellement poussé que je suis passé de l’autre côté d’un vibreur. Ca nous a obligé à passer le châssis au marbre car à la suite de cet incident un point d’ancrage du moteur s’était cassé. On nous a traité de fous. "

" Au Grand Prix suivant, à Silverstone, on est passé tous les deux en semi-conseil de discipline. Un comité d’anciens pilotes, confortablement assis sur leur chaise, nous demandant de nous justifier. J’ai trouvé cela déplacé. Quand on nous a convoqué, on était tous les deux interloqués mais sereins et tranquilles. Nous sommes d’ailleurs ressortis sereins et tranquilles ! Je me souviens que Gilles leur avait dit : " Si demain ça se reproduisait, je ferais la même chose ". On nous a traité d’inconscients, en nous reprochant que, si les roues s’étaient touchées dans le sens axial, l’un de nous se serait envolé dans le public et aurait fait des victimes

Quand ils m’ont donné la parole, je leur ai juste répondu que si ça avait été quelqu’un d’autre que Gilles, au lieu de finir troisième j’aurais terminé second. J’ai trouvé ces remontrances un peu ridicules. J’avais l’impression qu’on était deux enfants et qu’on allait mettre les doigts bien serrés pour prendre des coups de règle. Quand nous sommes sortis, on en a ri, bien sûr, mais on en a tiré des conclusions aussi. Ce duel, il ne s’est produit qu’une seule fois. Et sans aucune prétention, à l’époque, il n’aurait pu se dérouler qu’entre Gilles et moi. Parce qu’il y avait une complicité entre nous. On se respectait , on s’aimait énormément. Ce jour-là, avec notre duel, on a volé la vedette à Jabouille. Il avait pourtant remporté sa première victoire en Grand Prix et Renault venait de faire triompher le moteur turbo compressé ".

" Après la course, on est allé revoir les images TV en salle de presse. La salle était noire de monde. J’ai été frappé par la vidéo. J’étais revenu très fort sur Gilles et, durant notre duel, il y a plein d’endroits où on était limite. Si à un moment l’un de nous deux avait levé le pied en se disant " j’arrête, ça devient trop dangereux ", là, oui, ça serait vraiment devenu dangereux. On s’était encastré plusieurs fois les pneus, mais on roulait côte à côte et avec une telle régularité… comme la Patrouille de France dans un meeting aérien ! Ce qui m’avait marqué aussi, c’était la réflexion de Forghieri. Après avoir revu la vidéo, il s’était tapé sur le front et s’était exclamé à voix haute : " Et quand tu penses que c’était pour la deuxième place ! . "

Eh ouais c'était un temps où on pouvait regarder un GP sans s'endormir, même un lendemain de chouille.

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